La formation musicale inscrite dans la Constitution

Ce n’est pas (encore) en France, mais en Suisse : nos voisins helvètes viennent d’insérer la formation musicale dans leur texte fondateur, au travers de l’article 67a qui stipule que « la Confédération et les cantons encouragent la formation musicale, en particulier des enfants et des jeunes ». Mais cette inscription de la formation dans une constitution, unique au monde (à notre connaissance), d’où vient-elle ? C’est du suffrage universel qu’elle tient sa légitimité, puisqu’elle a fait l’objet d’une votation en septembre 2012. A la question « acceptez-vous l’arrêté fédéral du 25 mars 2012 sur la promotion de la formation musicale des jeunes ?« , les citoyens suisses ont répondu positivement à 72%.

Une fois ce principe inscrit dans le marbre de la Constitution helvétique, il faut le traduire dans la pratique. A ces fins, un programme pluriannuel sera prochainement voté par le Parlement. Le fondement de ce projet est clair : « le chant et la pratique active de la musique permettent de vivre des émotions intenses et stimulent les compétences créatives, émotionnelles, intellectuelles et sociales des jeunes personnes« . En quelques mots sont ainsi résumés la conviction que nous portons au travers des projets musicaux TEMPO. Même si cette dynamique ne se limite pas, pour nous, aux « jeunes personnes », mais participe au développement et à l’épanouissement de la personne, à tout âge.

Ces convictions sont appuyées par de nombreuses études, et il est intéressant de noter que l’OCDE (Organisme de Coopération et Développement Economiques) a publié en 2013 un rapport intitulé : « L’art pour l’art ? L’impact de l’éducation artistique« .  Pourquoi l’OCDE analyse et souligne l’apport de l’éducation artistique au développement économique ? C’est parce que « les compétences sont en passe de devenir la principale monnaie d’échange internationale au XXIe siècle« , souligne Barbara Ischinger, directrice de l’éducation et de la compétence à l’OCDE. « L’éducation doit notamment mettre l’accent sur les compétences qui favorisent l’innovation au sein de nos sociétés : créativité, imagination, communication et travail en équipe… L’éducation artistique est particulièrement bien placée pour favoriser ces compétences« . Et la musique est considérée, plus que toute autre forme d’art, comme particulièrement apte à développer ces qualités.

C’est pour toutes ces raisons que les jeunes helvètes sont fortement incités à pratiquer la musique. Attention, concentration, précision, travail collectif, qui associe dans un même mouvement une pensée abstraite et un geste physique. Une initiative qui pourrait inciter la France à faire de même ?